A reculons (2 & 3), 2020
200 x 300 cm
huile, acrylique, crayons de couleur et graphite sur toile, wax et bois
Collection du Ministère de la Culture, Luxembourg
© photo : Regular Studio

Le diptyque constitue le centre d’une œuvre en quatre parties qui a connu sa lente genèse durant le premier confinement, période étrange où notre rapport au temps s’inverse tandis qu’une métamorphose provisoire touche nos habitudes de citoyens. Un repli sur soi imposé en pousse certains dans un isolement semblable à celui des deux personnages sur la toile. La tête à l’envers, l’homme et la femme adoptent une pose de yoga, qui évoque aussi les lointains plaisirs du jeu d’enfant. Renforçant l’impression d’un « retour vers l’arrière », un tissu brodé se désagrège au-dessus de leurs têtes, invoquant les doux souvenirs d’une autre génération. En parallèle, une bande de wax, tissu africain traditionnel, est incorporée à la peinture, puis reprise par trompe l’oeil au sein d’un univers aquatique aux formes ondulantes. Les strates de lecture sont aussi nombreuses que les regards portés sur le diptyque et l’artiste ne nous fournit que l’indice du titre pour que nous tissions notre propre histoire.

Fanny Weinquin, 2022

Insomnies, 2019
170 x 270 cm
huile, acrylique, fusain, pastels, crayons, collage et fil sur toile et textile
Collection du Musée National d’Histoire et d’Art (MNHA), Luxembourg
© photo : Tania Bettega | Galerie Nosbaum Reding

L’éveil dans la nuit est comme la violence dans la paix. Ou comme la paix dans la violence?
Une nuit de sommeil paisible est interrompue par des pensées angoissantes; la peur de la fatigue du lendemain accélère l’agitation. Violence.
Ouvrir un oeil quand dorment les autres permet d’observer le silence, le repos de la ville, la cessation du tumulte, quand même la pire des âmes se relie aux autres par le souffle du sommeil. Paix.

Rajesh est chargé de surveiller le temple de Vittala à Hampi, ville en ruine, ancienne capitale hindoue d’un royaume saccagé au 16ème siècle par des musulmans du centre-sud de l’Inde. Un deuxième risque de dévastation s’ajouta lorsqu’un projet de construction de deux ponts ainsi que d’un centre commercial à Hampi fut à l’ordre du jour.

Tous les ans, des milliers de touristes visitent ce lieu lourd en histoire. Entre selfies sur les débris fragiles et oubli d’emballages de glaces, Rajesh essaye de maintenir l’état du lieu. Son fusil lui permet de se faire respecter et lorsqu’une bande de rebelles refuse d’obéir, il serait même obligé de s’en servir. Contre le gré de ses valeurs. Alors il prie, secrètement.

Quand Ernst Haeckel publia ses premiers dessins d’organismes du plancton sublimement symétriques en 1899, l’invention de l’appareil photographique numérique n’eût pas encore eu lieu. Ni celle de l’avion, de l’ordinateur ou du transistor d’ailleurs. Alors que biologiquement l’humain n’est dépendant que de son écosystème, ce dernier lui a permis de creuser les sources exploitables jusqu’à production infinie d’artifice. Infinie? C’est le fantasme de la technologie à laquelle nous avons branché nos veines.
Dans ces mêmes eaux, où poursuivit Haeckel sa recherche de formes, nage le requin-ange qui fait partie des 100 espèces animales les plus menacées d’extinction au monde.
Dans la doxa, le requin est l’un des animaux les plus dangereux pour l’humain.
L’ange, quant à lui, serait un être spirituel entre l’homme et Dieu, ou encore une personne douée de toute perfection. Prédateur ou proie?

Nina Tomàs, 2019

Réseau perdu 2, 2018
200 x 300 cm
huile, acrylique, fusain et pastels sur toile et textile imprimé
Collection du Fonds Communal d'Art Contemporain (FCAC), Marseille
© photo : François Faber